Nord
À André et Thérèse, mes grands-parents maternels.
Notre-Dame de Lorette, frêles statues
Fontaines blanches sous la lune
N’en finissent pas de verser leurs larmes
Si vite changées en brume.
La colline est couverte
D’une génération d’ossements,
D’une entière jeunesse fracassée.
Neigent les âmes friables
Comme les fées des plaines
Orphelines ensevelies sous le chagrin.
Passent les grelots fantômes,
Les fanaux feutrés sur le chemin
Flottant au bord du cimetière.
Comté d’Artois, mer d’Opale et mer du Nord,
Le jardin se lève à la Toussaint.
Entre les ronds du gel,
Petits visages qui me regardent
Depuis le passé présent.
Doux yeux familiers me susurrant
Des nouvelles de l’autre côté,
L’envers des apparences.
À Ardres, Zutkerque, Cassel mes grands-parents
Sont debout dans le brouillard du seuil
À côté d’un château d’enfance.
Je vois l’aube dans leurs yeux
Pleins des voyages de leur vie.
Je me passe la tête sous l’eau de leur nuit
En direction du Nord.
La journée s’effondre dans l’atelier du soir,
Derrière le cercle d’horizon.
Les villes ont les pigments brique et or
Des triptyques flamands.
Visages, poussières d’ombre
Le rouge saupoudre le noir
Par mélancolie d’éternel automne.
Passe sans souci
Un enfant de Saint-Omer,
Maigre prince de la rue
Extrait de » Lisières d’instants » Éditions Unicité, 2021.
Plus d’infos sur :
http://www.editions-unicite.fr/auteurs/MORA-Pascal/lisieres-d-instants/index.php
PASCAL MORA
Plus d’infos : https://www.recoursaupoeme.fr/auteurs/pascal-mora/
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb16508729f


Photo de couverture : © Pascal Mora