12
loin des silences, dans la foule
à la lueur sale des frairies
les doigts poisseux de sucre et d’ombre
je tiens ton émerveillement
par la main me laisse attendrir
par les lumières frelatées
et par les charmes bohémiens
j’y change ton silence en rire ;
ton air réjoui, tes douces mines
tournent dans un vieux carrousel
tournent tournent et m’éblouissent
je retrouve ton regard rieur
dans le regard de coton noir
que ta mère pose sur toi
fades couleurs, couleurs désuètes
tout resplendit dans ton oeil doux
et les lumières bohémiennes
étincellent dans tes silences
pour la dernière fois, peut-être
couleurs blessées, couleurs frivoles
quelque chose meurt dans tes yeux
quelque chose qui a trait à
ta bouleversante innocence
et les chevaux du carrousel
n’ont de cesse de t’éloigner
de moi ; tu te confonds avec
ma disparition prochaine
***
13
je disparais dans ton regard
tu me cherches, je suis ailleurs
tu me parles et je parais
tu ne comprends pas encore l’or
faux de mes jours de folie pure
je cherche à mieux comprendre l’or
pur de tes jours d’insouciance
j’aimerais boire à ton regard
les sciences de ton espérance
je traîne des jours durs et noirs
des jours meurtris, des jours de fièvre
ne cherche pas à les panser
on ne peut pas guérir une ombre
plongée dans la nuit de son cri
Extraits de » pas blancs, allure rose » ( poème ) . Éditions Unicité, 2021.
YOANN LÉVÊQUE
Poète. Auteur de « Mots blancs pour l’enfant s’en venant « , Éditions Unicité, 2019.

