CHEZ MOI
Les changements que j’attendais
ce n’est pas moi qui vais en profiter
peut-être une voisine
peut-être un voisin
je reste heureux de leur sourire
de leur serrer la main
Moi le quartier
je vais devoir le quitter
il faut digérer
Ces chantiers – c’est pas pour moi
c’est pour d’autres personnes
qui s’installent déjà
Des personnes qui travaillent
parce qu’il y a trop de chômeurs ici
mais j’aurais préféré que ce soit le travail
qui vienne à nous – pour que je reste aussi
Boutiques de mode, salle de concert
jardins partagés, trame verte
tout ça n’était pas nécessaire
pour nos mères et nos pères
Cette terre autrefois déclassée
est devenue un terrain prisé
qu’on reprise sur les misère d’hier
Comme si la culture populaire
n’avait pas d’attachement
pour les murs qui l’ont vu grandir
même si c’était en emprisonnant
***
LE PILORI URBAIN
Et nos enfants dans les vallées de chemins
ont trouvé un autre usage des cailloux
pour se perdre dans les carrefours
au loin des résistances en murmures
Et nos enfants, prisonniers de rivières
où ont coulé nos fiertés
entre des lits barbelés
dans des courants contraires
Et nos enfants, dérivées incendiaires
pépites de corons fleurs du ciments
joyaux d’amande et de jasmin
martyrs sur l’autel scolaire, au pilori urbain
Et nos enfants, trop jeunes pour porter
les mémoires et les souffrances
du confinement arbitraire
Et nos enfants, dont la langue est de Molière
sertie de Tahar Ben Jelloun, de Yacine Kateb
entendent la haine dissimulée même
Extraits de » Ici la mer n’est plus » Éditions Les Étaques, 2019.
Plus d’infos : https://lesetaques.org/2020/01/29/ici-la-mer-nest-plus/
JAN PAREMSKI
Travailleur social.
BONAVENTURE ROSA
Enseignant en Histoire et Géographie.
Tous les deux , poètes.
Plus d’infos : https://lesetaques.org/

